L'Histoire du territoire du Grand Arras
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Deux millénaires d’héritages
Des témoignages
Trois phrases…
« Quand je suis en Nouvelle-Zélande, je passe mon temps à montrer des photos d’Arras et à convaincre les gens de venir ici ! »
« Arras, c’est pour moi la plus belle ville de France (…) Quand j’ai quitté Arras pour monter à Paris, ce fut une déchirure. »
« On est monté sur scène et je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi beau. On a eu un choc. C’est un souvenir que je garde proche de mon cœur. En arrivant à Arras, on ne savait pas que ça allait être aussi mémorable ! »
…Et pas prononcées par n’importe qui !
La première est l’œuvre du réalisateur néo-zélandais Peter Jackson, auteur des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. L’homme aux dix-sept Oscars vient fréquemment dans l’Arrageois. Il prend plaisir à arpenter un réseau de 22 km de galeries souterraines creusées au Moyen-Âge et qui, en 1917, ont été aménagées par des tunneliers néo-zélandais pour servir d’abri à quelque 24000 soldats du Commonwealth. Parmi eux, un grand oncle de l’épouse de Peter Jackson, dont ce dernier aimerait tant retrouver une inscription gravée quelque part dans la roche…
La deuxième citation est de l’écrivain Jean-Louis Fournier. Le Prix Femina 2008, complice de Pierre Desproges et auteur de Où on va papa ?, Il a jamais tué personne mon papa, Le Curriculum vitae de Dieu, ou encore du Dictionnaire amoureux du Nord, a longtemps vécu dans cette cité atrébate qu’il chérit.
Enfin, la troisième et dernière citation est de Brian Molko. Le chanteur et leader du groupe de rock alternatif britannique Placebo, par deux fois tête d’affiche du Main Square Festival d’Arras, l’un des plus grands festivals d’Europe.
La guerre à Arras : deux batailles, deux époques
À la fin de l’année 1916, la Première Guerre mondiale s’enlise. Verdun et la Somme ont été le théâtre d’affrontements très lourds sur le plan humain :
- Verdun : 500 000 soldats français tués, blessés ou disparus.
- La Somme : près d’un million de victimes (498 000 Britanniques, 440 000 Français).
Malgré ces pertes colossales, le front reste figé. Les espoirs de victoire semblent lointains, les soldats sont à bout.
Pour rompre l’impasse, les Alliés planifient une nouvelle percée en avril 1917 : l’offensive du Chemin des Dames. En amont, une opération de diversion est lancée dans le secteur d’Arras, mobilisant des troupes venues de tout l’Empire britannique : Anglais, Écossais, Irlandais, Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais... Au total, plus de 40 nationalités seront engagées dans les combats en Artois.
Les souterrains d’Arras : une ville sous la ville
À Arras, ville caserne, des tunneliers néo-zélandais aménagent un impressionnant réseau souterrain. Ces galeries, baptisées Wellington, Auckland ou encore Glasgow, accueillent :
- postes de commandement
- hôpitaux
- chapelles
- cuisines et latrines
Objectif : abriter 24 000 soldats en vue d’un assaut surprise.
9 avril 1917 : début de la bataille d’Arras
L’offensive est lancée :
- Les Canadiens s’emparent de la crête de Vimy, un acte fondateur pour leur nation.
- Les Australiens combattent à Bullecourt.
On espère un moment reprendre le bassin minier exploité par l’ennemi depuis 1914, mais l’élan est stoppé. L’échec de « l’opération Nivelle » au Chemin des Dames signe une nouvelle impasse.
Bilan de la bataille d’Arras (1917)
- 150 000 victimes côté allié,
- 120 000 côté allemand.
Mal connue en France, la bataille d’Arras est pourtant un symbole majeur dans la mémoire britannique.
Arras sera de nouveau un point stratégique lors de la Seconde Guerre mondiale. En mai 1940, durant la bataille de France, une contre-attaque alliée est lancée depuis la ville pour freiner l’avancée allemande et contrer la stratégie éclair de la Blitzkrieg.
Cette opération permet de :
- ralentir la Wehrmacht,
- soutenir l’évacuation des forces alliées à Dunkerque, connue sous le nom d’opération Dynamo.
Arras, ville martyre et de résistance, porte encore les traces visibles et invisibles de ces deux batailles majeures. Son histoire militaire en fait un lieu de mémoire incontournable.